Le butyrate est un acide gras à chaîne courte produit par la fermentation de fibres alimentaires (fructo-oligosaccharrides et dérivés de cellulose) dans l’intestin. On le trouve également en petites quantités dans certains aliments comme le beurre, le ghee (beurre clarifié) ou les produits laitiers sous forme de triglycérides de butyrate.
Il est aussi appelé butanoate ou acide butyrique et tire son nom du grec βουτυρος qui signifie beurre.
Il joue de nombreux rôles importants pour notre santé, notamment sur la sphère intestinale.
PRINCIPAUX ACIDES GRAS COURTES CHAINES :
Les acides gras à chaîne courte (AGCC) comprennent le butyrate, le propionate et l’acétate.
Ils sont produits dans la lumière intestinale, au niveau du gros intestin, ou côlon, grâce à la fermentation réalisée par des bactéries du microbiote.
Le propionate et l’acétate sont produits par des bactéries du phylum des Bactéroïdes, alors que le butyrate est produit par différentes espèces de Firmicutes, des bactéries anaérobies notamment du genre Clostridium.
Seules les bactéries qui possèdent les enzymes appropriées pour dégrader ces fibres sont susceptibles de produire du butyrate. C’est le cas notamment de : Anaerostipes spp, Coprococcus catus , Eubacterium rectale , Eubacterium hallii , Faecalibacterium prausnitzii , Roseburia spp.par exemple.
Pour cette fermentation, les microorganismes utilisent des fibres qui n’ont pas été digérées auparavant dans l’intestin grêle, et, dans une moindre mesure, des protéines.
Quelles fibres prébiotiques sont les plus intéressantes pour la production du butyrate ?
Les amidons résistants des légumineuses, céréales complètes, banane, asperge, oignon, ail, la pomme de terre refroidie
Les béta glucanes de l’avoine, orge, seigle
Le butyrate est le moins abondant des trois principaux acides gras à chaîne courte, puisqu’il ne représente que 15 % des AGCC produits chez l’homme, contre 60 % pour l’acétate et 25 % pour le propionate.
Contrairement au propionate et à l’acétate qui passent plus facilement dans le sang, le butyrate est essentiellement métabolisé dans le côlon. Une partie du butyrate produit dans l’intestin passe toutefois dans la veine porte et est absorbée par le foie.
QUELS SONT LES ROLES DU BUTYRATE ?
1. Principale source d’énergie des colonocytes
Les AGCC servent de nourriture aux cellules épithéliales du côlon, aussi appelées colonocytes, et comptent pour 60 à 70 % de leurs ressources énergétiques. Une fois que le butyrate est libéré dans la lumière intestinale, les colonocytes l’absorbent au niveau de la membrane apicale, du côté de la lumière intestinale. À la surface de ces cellules, des transporteurs aident le butyrate à traverser la membrane plasmique.
Le butyrate peut alors être utilisé comme source d’énergie par la cellule, et métabolisé. De plus, le butyrate influence le fonctionnement de la cellule grâce à des modifications épigénétiques : c’est un inhibiteur de l’histone désacétylase, une enzyme qui modifie les histones, et agit sur l’expression génétique.
La production de butyrate dans l’intestin et son abondance dépendent de l’alimentation, en particulier de la présence de fibres. Ainsi, les fibres prébiotiques de fructanes, comme l’inuline, stimulent la production de butyrate par les bactéries.
2. Dans la santé gastro-intestinale
Effets anti-inflammatoires du butyrate
L’inflammation est un processus normal de défense contre les infections. Cependant, quand les réactions inflammatoires sont excessives, elles causent des dommages aux tissus et favorisent des maladies. C’est le cas notamment pour les maladies inflammatoires de l’intestin et les maladies auto-immunes.
Différentes études montrent que le butyrate inhibe des cytokines pro-inflammatoires et stimule des cytokines anti-inflammatoires. Ceci peut être dû au fait que le butyrate inhibe le facteur de transcription NF-κB qui contrôle certains processus impliqués dans l’inflammation et l’immunité.
Le butyrate agit également sur la migration des cellules immunitaires dans l’intestin, quand elles se dirigent vers les sites d’inflammation. Il influence aussi la réponse immunitaire via une action sur la prolifération et l’apoptose des cellules.
Il s’avère donc utile dans les maladies inflammatoires de l’intestin
(MICI) comme la rectocolite hémorragique ou la maladie de Crohn.
·Le butyrate favorise la fonction barrière de l’intestin
Les cellules épithéliales de l’intestin représentent une première ligne de défense contre divers agents nocifs pour l’organisme. Or une perméabilité excessive de l’intestin favorise l’inflammation, dans la mesure où elle permet à des antigènes de traverser la paroi intestinale.
Le butyrate protège la muqueuse intestinale de plusieurs façons conjointes :
il active la production d’une mucine qui renforce la couche de mucus, qui protège les cellules contre de potentiels agents pathogènes présents dans la lumière intestinale
il active la production des protéines des jonctions serrées
il stimule la production de peptides antimicrobiens, comme le peptide LL-37 chez l’homme
Le butyrate renforce la fonction barrière de la muqueuse intestinale.
Le rôle du butyrate contre le cancer colorectal
En 2012, une étude chinoise a trouvé que les patients souffrant de cancer colorectal possèdent moins de bactéries productrices de butyrate (Roseburia, Lachnospiraceae…) que des personnes en bonne santé. Les patients présentaient aussi plus de bactéries opportunistes dans leur intestin. Cependant il est important de souligner que cette observation ne tient pas lieu de relation de cause à effet : on peut se demander si c’est le cancer qui aurait pu être à l’origine d’une modification dans la composition du microbiote.
En parallèle de ces données, nous savons qu’il existe une association entre un régime alimentaire pauvre en fibres et le cancer colorectal, d’où l’idée que le butyrate soit plutôt bénéfique pour éviter ce cancer. De plus, les patients souffrant de colite, un facteur de risque de cancer colorectal, possèdent eux aussi moins de bactéries productrices de butyrate de la famille des Lachnospiraceae.
Enfin, le butyrate contrôle l’équilibre entre prolifération, différenciation et apoptose des colonocytes, ce qui peut expliquer son rôle préventif contre les tumeurs.
3. Sur le contrôle de la glycémie
En plus de ses nombreux bienfaits pour la santé intestinale, le butyrate se montre également bénéfique à la santé métabolique. En effet, au niveau de la cellule intestinale, il influence le contrôle de la glycémie en stimulant la libération de glucose par néoglucogenèse. Des études chez l’animal suggèrent que :
le butyrate intervient dans le contrôle de la graisse brune de l’organisme et stimule la thermogenèse
il améliore la sensibilité à l’insuline et la dépense énergétique chez des souris obèses
4. Sur la satiété
Il augmente les effets de la satiété en régulant les hormones de l’appétit
5. Métabolisme de la vitamine D
Il augmente la sensibilité des récepteurs à la vitamine D et donc renforce ses effets.
COMMENT CONNAITRE SON TAUX DE BUTYRATE ?
Il est possible de doser dans les selles les acides gras à courte chaine dans les laboratoires de médecine fonctionnelle. On peut ainsi déterminer si notre alimentation apporte suffisamment de fibres prébiotiques et voir le reflet de notre assiette.
QUELLES SONT LES SYNERGIES PERTINANTES ?
1. OMEGA 3, Boswellia ou Curcuma pour leurs effets anti-inflammatoires
2. Probiotiques pour lutter contre les dysbioses
3. Acides aminés (arginine, citruline, ornithine) ou le fucosyllactose dans la régénération de la muqueuse intestinale
4. Berbérine dans le traitement du SIBO
5. Gingembre ou artichaut dans les troubles du transit
On le trouve sous forme de complément alimentaire dosé à 500 mg en général. Il est bien assimilé car capté par les colonytes. Il ne présente pas de contre-indication. Par prudence, il n’est pas recommandé en cas de grossesse, allaitement, insuffisance rénale ou allergie.
CONCLUSION :
Le butyrate appartient à la famille des post-biotiques, métabolites issus de la fermentation bactérienne effectuée par notre microbiote intestinal.
Il offre de nombreux bienfaits pour notre santé à condition d’avoir une alimentation riche en fibres prébiotiques ou de le prendre sous forme de complément.

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