La mélatonine est une neurohormone essentiellement connue pour son effet sur le sommeil. Néanmoins, la recherche lui attribue bien d’autres propriétés. Point complet sur la mélatonine, ses rôles et ses bienfaits
· Définition
La mélatonine (ou N-acétyl-5-méthoxytryptamine) est une hormone synthétisée majoritairement par la glande pinéale, qui se situe au niveau du cerveau. La rétine, les intestins, la moelle osseuse, les plaquettes ainsi que la peau peuvent également sécréter de la mélatonine, de manière secondaire.
La production de la mélatonine a lieu essentiellement la nuit, et dure une dizaine d’heures. En effet, le processus se met en route dès lors que l’on se trouve dans un milieu obscur. C’est l’absence de lumière qui va générer sa sécrétion. Elle est synthétisée à partir du tryptophane, un acide aminé, lui-même transformé en sérotonine puis par méthylation en mélatonine. Ces étapes nécessitent des vitamines B2, B6, B9 et B12 ainsi que du zinc.
· Biochimie sanguine
Le taux sérique de mélatonine est maximal aux alentours de 2 heures du matin pour un chronotype normal. Cependant, certaines personnes présentent un chronotype du matin avec un pic vers minuit. Ce sont des gens qui se couchent tôt, se lèvent tôt sans difficulté, sont plus productifs le matin. D’autres, à contrario, ont un chronotype du soir et leur pic a lieu plutôt vers 4 heures du matin. On les reconnait car ils se couchent tard, se lèvent tard, sont plus efficaces le soir.
Il est important de connaitre son chronotype et de respecter ses heures de coucher pour favoriser un bon endormissement et un sommeil de qualité.
· Sous quelle forme peut-on la trouver ?
De nombreux suppléments contiennent de la mélatonine de synthèse. Elle est dosée entre 1 et 1,9 mg dans les compléments en vente libre. Il existe des médicaments plus dosés sur prescription médicale.
Mentionnons que certains végétaux produisent également cette hormone : elle peut être appelée « phytomélatonine ». On peut ainsi puiser de petites quantités de mélatonine en consommant certains aliments comme les tomates, cerises, olives, orge, riz, noix, raisin par exemple.
· Quels sont ses rôles ?
1. Régulation des rythmes circadiens
Tout d’abord, l’hormone participe à la stabilité des rythmes circadiens. Sa sécrétion apporte à l’organisme des informations relatives aux conditions de luminosité ou d’obscurité. De cette manière, la mélatonine influe sur l’alternance des périodes de veille et de sommeil. D’autre part, le signal émis par la mélatonine contribue à réguler les rythmes circadiens d’autres fonctions physiologiques comme le système immunitaire ou l’hémostase.
Enfin, la mélatonine agit sur le rythme de la température corporelle. Elle accentue la baisse que l’on constate durant la nuit.
2. Troubles du sommeil
L’hormone est connue du grand public pour ses effets sur le sommeil.
Elle est indiquée pour les insomnies des personnes de plus de 55 ans ou les troubles du sommeil chez les enfants atteint de TDAH (trouble déficitaire de l’attention), chez les enfants autistes ou encore épileptiques.
Également dans les insomnies des personnes atteintes d’un trouble psychiatrique. La mélatonine peut s’avérer utile lors de la phase aiguë, de la période de stabilisation ou de rémission d’un patient souffrant d’une pathologie psychiatrique qui s’accompagne de troubles du sommeil. Notamment en cas de schizophrénie ou trouble de l’humeur.
Ainsi, une prise égale ou supérieure à 1 mg, avant le coucher, peut favoriser un endormissement plus rapide et une meilleure qualité du sommeil.
3. Diminution des effets du décalage horaire
La mélatonine est utile dans la lutte contre les effets du décalage horaire, sous réserve de respecter une posologie suffisante, soit 0,5 mg par prise avant le coucher. L’administration doit avoir lieu le jour du départ, mais elle doit également se poursuivre plusieurs jours après l’arrivée.
Une cure de mélatonine est d’autant plus efficace lorsque l’on se dirige vers l’est et que l’on franchit plus de cinq fuseaux horaires. Sa prise peut être également recommandée en cas de travail de nuit.
4. Action antioxydante
Elle aurait une action protectrice directe, en luttant contre les radicaux libres. De manière plus indirecte, elle contribuerait à réparer les dommages survenus au niveau de l’ADN et limiterait l’action des enzymes pro-oxydantes tout en activant les enzymes antioxydantes. Elle a une capacité à traverser les parois et barrières de l’organisme et présente une faible toxicité
5. Diminution des risques de cancer
L’hormone pourrait limiter l’expansion d’un cancer, qu’il soit débutant, en cours de progression ou bien en phase métastatique. Tous les mécanismes d’action de la mélatonine ne sont pas encore connus. Toutefois, il semblerait que les récepteurs membranaires de l’hormone (MT1 et MT2) jouent un rôle prépondérant dans l’atténuation du développement du cancer. Mais ça n’est pas tout : la mélatonine agirait également au niveau intracellulaire, de manière directe. Cet effet est bien documenté pour le cancer du sein.
6. Neuroprotection
Elle joue un rôle protecteur contre la neuro-inflammation et détoxifie le cerveau la nuit grâce aux astrocytes.
7. Rôle endocrinien
Elle favorise :
- La conversion de l’hormone thyroïdienne T4 inactive en T 3, forme active.
- La sécrétion de l’hormone de croissance (GH)
- La production de GABA, neurotransmetteur calmant
- La diminution du cortisol, hormone du stress
· Comment optimiser la sécrétion physiologique ?
1. Chronobiologie alimentaire
Elle repose sur un petit déjeuner protéiné source de tryptophane. Celui-ci est le précurseur de la sérotonine, elle-même précurseur de la mélatonine. Un goûter et un diner à tendance glucidique favoriseront également sa synthèse.
2. Exposition à la lumière
S’exposer à la lumière dans la matinée et le début de journée et le soir au contraire éviter les fortes luminosités et notamment la lumière bleue des écrans.
· CONCLUSION:
Bien connue pour son rôle dans le sommeil, cette neurohormone n’en est pas moins intéressante pour ses autres fonctions très diverses et mérite d’être optimisée naturellement en respectant nos rythmes circadiens et par la chronobiologie alimentaire, ou par complémentation si la sécrétion physiologique ne suffit pas.

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